Surabaya Johnny (Boris Vian – Kurt Weill)
Extrait vidéo du CD « Je t’écris, écoute… »
J’étais jeune, dix-sept ans, une môme
Je t’ai vue, t’arrivais d’Birmanie
Tu disais qu’y fallait que j’te suive
Tu disais t’auras pas d’soucis
J’t’ai d’mandé c’que tu f’sais dans la vie
Tu m’as dit, aussi vrai que j’suis là
Je travaille quelque part au ch’min d’fer
Et je n’ai rien à fiche sur la mer.
Tu parlais trop Johnny, tout était faux Johnny
Dès l’premier mot, Johnny, tu m’as trompée
Johnny, tu r,tires cette pipe de ta grande gueule, ordure.
Surabaya, Johnny, pourquoi t’es si méchant ?
Surabaya, Johnny, bon dieu, et moi qui t’aime tellement
Oh c’que j’te hais Johnny, quand t’es là qui ricanes
Surabaya, Johnny, pourquoi je souffre tant ?
Tu n’as pas d’cœur, Johnny, et moi je t’aime tellement.
Y’avait sept dimanches par semaine
Au début quand j’te connaissais pas
Mais au bout de quinze jouirs à peine
Y’a plus rien qui t’plaisait en moi
Qu’il est long le chemin jusqu’au Pendjab
De la source du fleuve à la mer
J’ose même plus me r’garder dans une glace
J’ai déjà l’air d’une vieille rombière
Y t’fallait pas d’amour, Johnny, y t’fallait du fric, Johnny
Moi bonne idiote, Johnny, je n’voyais plus qu’ta bouche
Tu as tout éxigé, Johnny, et j’en ai r’mis
Johnny, tu retires cette pipe de ta grande gueule, ordure !
J’ai jamais bien cherché, au juste
Où t’avais pu trouver c’nom là
Mais du haut jusqu’en bas de la côte
Y’avait pas d’client plus connu qu’toi.
Un beau jour dans un lit à cent balles
J’entendrai le tonnerre de la mer
Et voilà qu’tu t’en vas sans rien dire
Ton navire est à l’ancre en bas !
Tu n’as pas d’cœur, Johnny, t’es un salaud, Johnny
Voilà qu’tu pars, Johnny, sans dire pourquoi
Mais moi je t’aime, Johnny, comme au premier jour
Johnny, dis, tu la r’tires cette pipe de ta grande gueule, ordure !